Pourquoi les hommes ont besoin d’apprendre à communiquer ?

Juil 2, 2019

Pour répondre à cette question, j’ai choisi de donner la parole aux intéressés.

J’ai posé 2 questions à une douzaine d’hommes, âgés entre 30 et 60 ans, parmi mes clients, ma famille, mes amis, sur mes pages facebook et instagram:

  1. Pensez-vous que les hommes ont besoin d’apprendre à communiquer ?
  2. Si oui, selon vous, pourquoi ont-ils besoin d’apprendre à communiquer ?

Tous, à l’unanimité, ont répondu « oui » à la première question.

100% de « oui ». J’ai été très surprise de cette unanimité !

Voici ce qu’il ressort de la 2è question, à laquelle j’avais demandé de répondre spontanément en une courte phrase.

– Certains ont répondu par rapport à ce qu’ils perçoivent de la différence homme-femme sur le plan de la communication :

« Oui les hommes ont besoin d’apprendre à communiquer, ce n’est pas inné chez nous comme ça l’est pour vous Mesdames, on n’en voit pas toujours l’intérêt »

« Je pense qu’on est conditionné pour ne pas communiquer, pour ne pas accueillir nos émotions ni celles des autres. Entre gars on va avoir tendance à garder une communication superficielle »

« L’orgueil »

« Tout le monde peut améliorer ses communications. Toutefois, parfois certains hommes accordent un peu moins d’importance à la formulation exacte ou à la communication non-verbale que les femmes. En conséquence, des communications qui leur apparaissent correctes ou efficaces ne l’étaient peut-être pas tant que ça. »

– D’autres se sont attardés à l’utilité d’apprendre à communiquer :

« Pour faire avancer le schmilblick !!! » (expression familière française que j’explique plus loin dans l’article)

« Pour remettre la télépathie au goût du jour, se désintoxiquer »

« Beaucoup communiquent déjà très bien. Pour ceux dont ce n’est pas le cas, une bonne communication est la base de la compréhension entre interlocuteurs. »

– Pour l’un à la nécessité d’adapter ses connaissances en communication à son environnement :

« l’homme a besoin de communiquer naturellement mais les connaissances personnelles en matière de communication doivent être développées selon le cadre, le niveau, le milieu etc… »

– D’autres encore ont mis l’accent sur le caractère universel du besoin d’apprendre à communiquer :

« Tout le monde a besoin d’apprendre à communiquer »

« Pour moi, les hommes et les femmes ont besoin de mieux communiquer. Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus »

 

4 grandes idées se dégagent de ces réponses :

 

  1. Serait-ce moins naturel pour les hommes que pour les femmes de communiquer ?
  2. La communication permet de « faire avancer le schmilblick ! »
  3. L’homme a besoin de développer ses compétences en communication pour s’adapter à son milieu
  4. Les femmes aussi ont besoin d’apprendre à communiquer

1. Est-ce vraiment moins naturel pour les hommes de communiquer ?

Pour répondre à cette question, cela va faire sourire certains, je suis remontée à l’âge des cavernes. Oui oui ça a son intérêt pour regarder ce qui est inscrit dans nos cultures depuis des millions d’années!

En effet, comme le dit très bien Yvon Dallaire, « l’homme toujours à la chasse, sur ses gardes, concentré sur sa survie physique et celle des siens, déployant son ingéniosité à traquer ses proies, en silence, se coupant de ses sensations pour résister au froid, à la chaleur et à l’inconfort, ravalant ses peurs d’être dévoré par les autres prédateurs, devant se repérer pour ne pas se perdre, stimulant avec les autres hommes son esprit de combativité, scrutant l’horizon, développant ainsi sa force physique et ses réflexes…Tout ça conditionne un homme et ça s’inscrit dans sa nature ».

Le silence, tout comme se couper de ses sensations et ravaler ses peurs participait-il grandement à la survie de l’homme il y a 3 millions d’années ?

« La femme souvent enceinte, vivant dans la caverne avec les autres femmes et enfants, devant apprendre à cohabiter dans un espace restreint, anticipant tout danger potentiel, surveillant le feu, nourrissant ses enfants à même ses réserves corporelles, attendant les chasseurs pour refaire ses forces, paniquant au moindre bruit suspect, ceuillant tout ce qui est comestible, goûtant à tout, se réconfortant l’une l’autre, attendant patiemment le retour de l’homme, développant ainsi sa force émotive et ses sens…Tout ça conditionne une femme et ça s’inscrit dans sa nature »

La communication et l’expression de ses émotions participaient-ils grandement à la survie des femmes dans les cavernes ?

Evidemment les rôles masculins et féminins ont grandement évolué depuis, mais les conditions décrites par Yvon Dallaire ont duré pendant des millions d’années, et, « pour la plupart d’entre-nous, nous réagissons encore par des atavismes datant de l’âge des cavernes. Ces cavernes ont été remplacées par des maisons, mais nos comportements ont peu évolué. On ne change pas l’hérédité humaine (son code génétique et son code ADN) comme ça, en 30 ans de féminisme, même radical. »

Ainsi en ce sens, si on remonte aux origines de l’homme, oui cela est moins naturel pour l’homme de communiquer, et en particulier sur ce qu’il ressent.

C’est ainsi qu’on retrouve les statistiques suivantes : tirées du livre d’Yvon Dallaire :

  • 80% des demandes de conversation dans un couple sont le fait des femmes,
  • 80% ses dépendants émotifs sont en fait des dépendantes émotives,
  • 80% des parents qui s’investissent à fond dans l‘éducation des enfants et des soins aux autres sont des femmes. Et donc 20% sont des hommes.
  • 80% des hommes préfèrent aimer en silence
  • 80% des hommes cherchent à défendre l’intégrité de leur territoire ou s’investissent davantage dans leur travail ou leurs projets personnels. Et donc 20% sont des femmes.

Outre le fait que ce ne serait pas « inné » pour les hommes de communiquer, pourquoi est-il si important que les hommes qui ne se sentent pas « doués » pour la communication, apprennent aujourd’hui à communiquer ?
Je vois plusieurs raisons :

2. La communication sert à faire avancer le schmilblick !

 

Comme l’a si bien fait remarquer l’un des hommes interrogés, les hommes ont besoin d’apprendre à communiquer « pour faire avancer le schmilblick ! ».

Pour ceux d’entre vous qui ne connaissez pas l’expression « faire avancer le schmilblick », c’est une expression française familière, inventée par un humoriste, qui signifie : « débloquer la situation » (selon le dictionnaire français Hachette-2006), ou encore « amener sa petite pierre pour la résolution d’un problème », « apporter des éléments permettant de progresser dans la recherche d’une solution » (dictionnaire en ligne Reverso)

La communication au sein d’un couple comme au sein d’une entreprise permet de débloquer les situations critiques, d’amener sa petite pierre pour la résolution d’un problème, d’apporter des éléments permettant de progresser dans la recherche d’une solution.

D’où la nécessité de développer ses aptitudes en communication, que ce soit pour la réussite de son couple comme celle de sa carrière !

Et, si je me base sur ce que j’ai écrit précédemment, je pourrai m’amuser à dire que :

la communication (si chère et naturelle aux femmes !) permet la résolution de problème (si chère et naturelle aux hommes !)

3. L’homme a besoin de développer ses compétences en communication pour s’adapter à son milieu de vie et de travail.

Je ne vous apprends rien en disant que les hommes d’ aujourd’hui sont confrontés tous les jours à des besoins en communication que ne rencontraient pas les hommes des cavernes, et qu’un homme célibataire qui travaille seul n’a pas forcément besoin des mêmes compétences en communication que le père de famille de 6 enfants ou le responsable d’une équipe de 10 employés, comprenant des hommes et des femmes. Les défis que chacun a à relever au quotidien en matière de communication sont uniques, et c’est à chacun de se former sur les compétences en communication qu’il a besoin d’acquérir pour mener à bien sa mission, qu’elle soit personnelle ou professionnelle.

Je citerai 2 exemples d’évolution des rôles sociétaux qui réclament que les hommes développent de nouvelles aptitudes relationnelles :

Les rôles que les hommes choisissent de prendre aujourd’hui requièrent des aptitudes en communication qu’ils n’ont peut-être jamais apprises !

Nous ne sommes plus au temps des cavernes, et 2 tâches majeures qui incombaient jadis soit à l’homme soit à la femme sont désormais partagées entre hommes et femmes, à des degrés variés selon les tribus:

  • celle d’aller à la chasse et de participer à la survie de la tribu : les femmes y participent de plus en plus depuis 50 ans.
  • celle d’entretenir le feu et d’éduquer les enfants : les hommes y participent de plus en plus depuis 50 ans.

Ainsi, les hommes sont nombreux aujourd’hui à accorder une place plus importante à la vie de famille : être plus souvent à la maison, participer aux tâches domestiques autant que la mère, être plus présent pour les enfants. Les familles recomposées, monoparentales, homosexuelles exigent une évolution de la façon d’assumer les rôles masculins et féminins à la maison, que ce soit le rôle conjugal comme le rôle parental.

Les hommes sont de plus en plus nombreux à aspirer à « réussir » dans leur rôle de conjoint, de père, de beau-père autant que dans leur carrière.

Ces rôles-là requièrent des aptitudes relationnelles et des compétences en communication qui peuvent faire défaut à certains hommes, tout simplement parce que « ce n’est pas inné » chez eux, et personne ne leur a appris avant. Pour certains, c’est impossible de se baser sur le modèle conjugal et paternel des générations précédentes, devenus obsolètes.

 

Le marché du travail a changé : il ne s’agit plus de ne communiquer qu’entre hommes !

Puisque les femmes vont également à la chasse désormais, les rapports professionnels ont grandement évolué. Il ne s’agit plus de conversations qu’entre hommes, il s’agit d’échanges hommes-femmes bouleversant les schémas classiques de nos ancêtres. Les hommes rencontrent désormais ces situations inédites il y a encore 50 ans :

  • avoir des collègues féminines alors qu’on travaille dans un milieu « traditionnellement » masculin : le transport routier, les travaux publics, la finance…
  • être supervisé par une femme
  • travailler pour une entreprise dirigée par une femme

Or, les hommes et les femmes ne communiquent pas sur les mêmes choses ni de la même façon.

L’explication d’Yvon Dallaire à propos du titre de son livre Moi aussi…moi…plus illustre parfaitement cette idée :

« Moi aussi… Moi… plus. C’est en écoutant des femmes et des hommes discutant entre eux que j’ai eu l’idée de ce titre. Lorsque plusieurs femmes sont réunies, celles-ci parlent généralement de leur vécu et surtout de leur vécu intime et relationnel, parfois professionnel. Les femmes échangent leurs états d’âme et elles le font souvent en même temps : « Hé ! Moi aussi, je vis ça comme ça. » ou « Oui, moi aussi, je pense ça. » « Le mien aussi, il est comme ça. » Les femmes se confirment et se confortent l’une l’autre dans leurs propos. Et elles semblent grandement apprécier cette façon de communiquer.

Lorsque plusieurs hommes discutent ensemble, ceux-ci parlent généralement de ce qu’ils ont fait et de leurs prouesses. Ils parlent rarement de leurs mauvais coups ou de leurs sentiments. Ils vont de surenchère en surenchère. « Ce n’est rien ça ; si tu m’avais vu l’autre jour… » « Le meilleur coup de ma vie, c’est quand… » Et de parler du plus gros saumon pêché, des performances de leur nouvelle voiture, de la victoire de leur équipe grâce à leur but, du coup d’argent qu’ils viennent de réaliser, des charmes de leur dernière conquête, de la façon dont ils dirigeraient le monde… Les hommes se comparent les uns les autres. Et ils semblent grandement apprécier cette façon de communiquer.»

Ce n’est pas pour rien je pense que la majorité de mes clients me consultent pour améliorer leur communication avec une femme en particulier, ou plusieurs, que ce soit dans leur sphère personnelle (partenaire, belle-fille) ou professionnelle (collègues, supérieure hiérarchique).

Et je trouve ça logique et cohérent de leur part de consulter une femme à ce sujet !

NB : Tout le monde a besoin d’apprendre à communiquer.

 

Si nous admettons désormais l’idée que les femmes ont une longueur d’avance en communication sur les hommes, cela ne signifie pas qu’elles savent communiquer de façon adaptée, adéquate en toute circonstance. Au contraire, je confirme que bon nombre de femmes : parlent trop, s’occupent des affaires des autres, passent leur temps à dire à leur conjoint comme à leurs enfants ce qu’ils devraient faire, radotent, ont besoin de 10 phrases pour énumérer une seule idée, ont du mal à aller à l’essentiel…

Si on se base sur le fait que « communiquer, c’est mettre en commun »,

les femmes bien souvent ne savent pas Communiquer. Elles savent par contre s’exprimer, c’est-à-dire faire sortir d’elles ce qui est à l’intérieur.

Et il me semble que c’est davantage sur cette compétence qu’elles ont une longueur d’avance sur les hommes, naturellement plus enclins aux silences, à garder pour eux ce qu’ils pensent et ressentent, et à aller à l’essentiel.

 

Qu’en pensez-vous? 

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*Yvon Dallaire, psychologue-sexologue, auteur, conférencier québécois- références tirées de l’introduction de son livre Moi aussi…moi…plus, 1001 différences homme-femme